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Le présent travail, qui s’inscrit dans le cadre d’une recherche plus vaste consacrée à l’étude des représentations sexuées véhiculées par les manuels scolaires d’histoire, se situe au croisement de l’histoire de l’éducation et de celle du genre. Il porte sur la visibilité des sexes dans les manuels d’histoire de deux pays, la Grèce et la France, à travers l’étude comparée d’une unité thématique, la Révolution française. Le choix de cette unité n’est pas arbitraire : étant donné que cette période marque une rupture profonde dans l’histoire du monde occidental, une place, plus ou moins importante, est consacrée à son étude dans les manuels d’histoire de tous les degrés d’enseignement. De surcroît, c’est pendant la Révolution française qu'un débat est ouvert en France, pour la première fois, sur la question de la participation des femmes au politique.
Dans un premier temps, ce travail examine plus précisément, par le biais d’une analyse quantitative des notations sexuées, le partage de l’espace historique entre les sexes dans la partie textuelle et documentaire de neuf ouvrages français et de six manuels grecs enseignés entre 2000 et 2008 à l’école primaire, au collège et au lycée. Les résultats de cette enquête furent décevants. La place réservée à l’histoire du sexe féminin est extrêmement réduite ; en outre l’organisation des ouvrages étudiés favorise la présence fragmentaire des femmes dans le récit historique. La deuxième partie de l’étude est consacrée à un travail de marquage des présences et des absences des femmes prenant appui sur l’historiographie relative au sujet. Ce travail vise à inscrire le récit proposé dans un engagement politique pour une réécriture « genrée » de l’histoire enseignée à l’école.