Photographier l'Autre (1839-1914) : le regard orientaliste des voyageurs français

Citation:

Apostolou I. Photographier l'Autre (1839-1914) : le regard orientaliste des voyageurs français.; Forthcoming.

Abstract:

Du voyageur-photographe, qui sélectionne ses sujets parmi les gens du pays, au voyageur-collectionneur, qui visite les ateliers commerciaux pour acheter des épreuves, le voyage fut à l’origine d’une production photographique orientaliste diversifiée qui ne fut pas constituée comme un genre autonome, mais se situa à la frontière de plusieurs catégories.

Inspirés d’une iconographie stéréotypée déjà en vogue, les photographes commerciaux photographièrent les types ethniques et religieux orientaux et en racontèrent, de manière discontinue, la vie quotidienne, les mœurs et les coutumes ainsi que les activités professionnelles. Dans des conditions souvent difficiles, les voyageurs représentèrent aussi l’Autre oriental. Plusieurs voyageurs gardèrent son image comme souvenir, tandis que d’autres exécutèrent des photographies à caractère anthropologique ou ethnographique. Nombreuses sont aussi les photographies qui rappellent le caractère religieux de l’Orient et montrent l’activité missionnaire. Conçues dans un autre esprit, les photographies des touristes reproduisent une image vivante bien que parfois stéréotypée des Orientaux.

Quoique morcelée, l’image des Orientaux formée par les photographies des voyageurs, contribua à la formation de l’identité de l’Oriental. Révélatrice de leur idéologie, leur production, qui s’inscrit dans le contexte de l’orientalisme dénoncé par Edward Saïd, transmet des informations sur la manière dont ils l’avaient perçu. Médiateurs culturels, les photographes français, voyageurs ou résidents, familiarisèrent la population orientale avec l’art de la photographie.