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Cette étude porte sur l’évolution de la question de la parité linguistique dans quatre régions de la francophonie à partir des années 1970 : la France, le Québec, la Communauté française de Belgique et la Suisse romande. Elle examine le degré d’adaptation de la langue française aux conquêtes professionnelles et politiques du sexe féminin. Sont pris en considération les paramètres suivants :
1. Les prises de position divergentes des linguistes. À la fin du XXe siècle deux sont les camps formés au sein des communautés francophones (notamment en Europe) : d’une part, les linguistes traditionnels prônent le caractère inaltérable d’une langue qui ne peut en conséquence devenir, en aucun cas, objet de revendications féministes ; d’autre part, les thèses des linguistes féministes qui mettent en valeur la dimension sociale de la question : à leur sens, la langue n’est pas neutre, mais constitue, au contraire, un vecteur privilégié de culture, d’idéologie.
2. Les politiques en la matière mises en oeuvre par les pouvoirs publics dans les quatre pays de la francophonie considérés. Le Québec fut le premier à prendre des mesures en faveur de la féminisation linguistique ; suivent les autres pays, à partir des années 1990 notamment.
3. La mise en application de la réforme linguistique dans le secteur administratif, dans le domaine de la lexicographie et des médias également. En ce qui concerne le secteur public, les enquêtes effectuées ont enregistré des résultats encourageants : utilisation des formes féminines des noms de métier, grade, fonction et titre dans les documents émanant des administrations ou des partis politiques. Presse et télévision ont largement contribué à la diffusion de la question en médiatisant le débat ; en adoptant également, dans la majorité des cas, les règles de la féminisation linguistique. La lexicographie, enfin, suit, bien que plus lentement, les évolutions dans ce domaine.