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Cette étude fut élaborée dans le cadre d’une bourse de recherche du gouvernement canadien (Canadian Studies Faculty Enrichment Award) et s’appuie sur un matériel récolté dans divers centres de recherche (Bibliothèque nationale du Québec à Montréal, Bibliothèque des sciences humaines et sociales de l’université Laval, Centre de documentation de la Centrale de l’enseignement du Québec) et organismes québécois (Centre de documentation et Coordination à la condition féminine au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport). La recherche ambitionne de combler un vide historiographique : au Québec, une des régions les plus progressistes de la francophonie en matière d’égalité des sexes et de parité, le champ d’investigation des représentations des sexes et du genre dans les manuels scolaires du secondaire est encore inexploré.
L’étude porte plus précisément sur les manuels d’histoire des deux dernières classes de l’enseignement secondaire en usage entre 1980 et 2004. Pourquoi des manuels du second cycle du secondaire ? Dépourvus des stéréotypes trop voyants rencontrés parfois dans les manuels de l’école primaire, ils se prêtent plus facilement à l’analyse. Pourquoi des manuels si récents ? Compte tenu de la mission civique dont ils sont investis, l’examen de ces ouvrages permet d’interroger un avenir en train de s’inventer. La démarche méthodologique adoptée est à la fois quantitative et qualitative : constituer un corpus de notations sexuées afin d’examiner la place de chaque sexe dans l’histoire scolaire québécoise ; comparative également : il s’agit de mettre en évidence tant les évolutions advenues au cours de vingt-cinq ans que les lignes de force communes et les disparités entre manuels.
Deux axes se profilent : l’examen des sources imprimées (programmes d’études, manuels) qui révèle un certain progrès de la place accordée au sexe féminin dans l’espace historique ; la proposition d’une relecture de deux périodes historiques fondée sur les apports des spécialistes de l’histoire des femmes et du genre, afin de repérer les vides laissés dans le récit historique : il s’agit des XVIIe et XVIIIe siècles (étude de l’histoire de la colonie française de la Nouvelle-France) d’une part, de la période de l’entre-deux-guerres (étude de l’histoire de France), d’autre part. L’étude des chapitres correspondants des manuels québécois révèle que l’action des individus est largement mesurée à l’aune des structures du pouvoir interprétées au masculin ; les femmes, n’étant pas toujours concernées par cet aspect de l’histoire, restent souvent invisibles.